Le bonheur

Publié le par Christophe Leconte

LE BONHEUR

I LA DETERMINATION DU BONHEUR COMME SOUVERAIN BIEN

 

Aristote distinction entre les biens seconds et les biens premiers, élection du bonheur comme seul bien qui ait sa fin en lui-même

Quête du bonheur : Economie du désir et du plaisir :

«  C’est par une sage considération de l’avantage et du désagrément qu’il procure, que chaque plaisir doit être apprécié. » Epicure Lettre à Ménécée

 

Nécessité donc, éviter l’attachement, l’habitude qui atténue le plaisir et rend l’absence douloureuse : « C'est un grand bien de savoir se suffire à soi même, non qu'il faille toujours se contenter de peu, mais afin que, si nous ne possédons pas beaucoup, nous sachions nous contenter de peu. »

EPICURE : Doctrines et Maximes

 

II IMPOSSIBLE DETERMINATION DE LA NATURE DU BONHEUR 

 

Problème du lien entre le bonheur et le plaisir

- Le bonheur c'est le "maximum de bien être pour le présent et l'avenir"(ibid),

  • Une somme de plaisir ne fait pas le bonheur (cf. Sardanapale)

- La positivité du plaisir est même contestable : Le désir nous leurre en nous faisant croire que le plaisir sera une plénitude, mais à la place de la plénitude recherchée, je n’obtiens que le vide et l’ennui : " La vie oscille comme un pendule, de gauche à droite, de la souffrance à l'ennui. " Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation D’où parfois une réhabilitation du désir au détriment du plaisir pour l’accès au bonheur. Cf Sacha Guitry : Dans l’amour le meilleur moment c’est quand on monte l’escalier.

 

Le bonheur est donc ce que tout le monde cherche mais dont personne ne connaît la nature :

" Par malheur, le concept du bonheur est si indéterminé que quoique chacun désire être heureux, personne ne peut jamais dire d'une manière déterminée et conséquente ce qu'il veut vraiment". KANT Fondements de la métaphysique des moeurs. Section 2 @ 25.

mais pour le déterminer il faudrait l'omniscience ( amour+ aventure+ argent+ santé, parfois éléments empiriques contradictoires).

- Le bonheur est donc un "idéal de l'imagination", une totalité imaginaire de satisfactions

 

III LE BONHEUR COMME OBJECTIF CONTESTABLE

 

  1. Constat critique d’une primauté de la verité sur le bonheur

 

, civilisation prisonnière de l'instinct de vérité de la passion de la connaissance.

La vérité à tout prix même si la vie doit en être détruite.

- Cette civilisation produit elle-même une illusion : l'illusion d'une identité entre bonheur et connaissance

- " Notre instinct de connaissance est trop puissant pour que nous puissions encore apprécier le bonheur d'une illusion forte et solide."

- En fait, moins un peuple connaît plus il est heureux-> La connaissance n'apporte rien. " De tout temps, les barbares ont été les plus heureux."

 

  1. Election d’une autre fin à la vie humaine que le seul bonheur

  • L’ignorance n’est pas à la hauteur de l’existence et la lucidité qui est une vertu rationnelle est préférable au bonheur illusoire :

" Voilà mon état plein de faiblesse et d'incertitude. Et de tout cela je conclus que je dois donc passer tous les jours de ma vie sans songer à chercher ce qui doit m'arriver (...) Qui souhaiterait d'avoir pour ami un homme qui discourt de cette manière ? " Pensées 194

Référence à Matrix, ils comprendront mieux : Le seul qui choisit l’illusion heureuse plutôt que la lucidité est un traître et un lâche.

Cf. aussi pensée sur le roseau pensant.

- L’objectif de l’humain ne saurait être le seul bonheur, il exige la dignité, sinon il suffirait d’une bonne lobotomie et tout le monde serait heureux. Je préfère toujours être malheureux que trisomique heureux.

C’est aussi ce qu’indique Kant dans l’idée d’une histoire universelle, proposition 3 : « comme si également elle ( la nature) avait eu plus à coeur l'estime de soi d'un être raisonnable que le bien-être »

 

LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DU BONHEUR

 

La conception classique : La paix de l’âme

L’ataraxie Stoïcienne ou Epicurienne indentifie le bonheur à l’absence de trouble

Nous parlons de l’absence de souffrance physique et de l’absence de trouble moral. Epicure, Lettre à Ménécée

 

Nietzsche : La conception du bonheur réclame le recours à un généalogie : Quelle force est à l’œuvre dans telle ou telle conception du bonheur. Qui demande le bonheur.
Pour les individus du ressentiment et de la faiblesse, le bonheur est passif : « Le bonheur apparaît essentiellement comme narcose, hébétude, calme, paix, « sabbat », détente de l’esprit et décontraction du corps, bref comme passivité. » Généalogie de la morale 1ère dissertation § 10

Au contraire pour l’homme actif le bonheur est lié à l’action « Ils ignoraient, en tant qu’homme faits, pleins de force, donc nécessairement actifs, la séparation entre action et bonheur ; pour eux l’activité était nécessairement partie intégrante du bonheur (c’est de là que provient eu prattein » ibid.

Publié dans Cours

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article